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dias ni de Dante, ni de Shakspeare, ni de Molière ; mais le Corrége, mais Donatello, mais Delille et Grétry, n’ont point été égalés par des femmes. » (Daniel Stern, Esquisses morales.)

« Faut-il donc, poursuit cette dame, nous incliner devant de telles observations et de tels exemples ? »


Et elle soutient, en premier lieu, que l’inégalité d’intelligence n’est appréciable que dans les exceptions, dans les hautes sphères de l’entendement, nullement dans la pratique de la vie, et comme on ne fait pas de lois pour les exceptions, mais pour la masse, qu’on n’en peut rien conclure contre le droit de la femme à l’égalité ; d’autre part, que, si l’on se transporte dans l’ordre moral, les choses apparaissent sous un tout autre jour ; que le courage, la Justice, la tolérance, le dévouement, n’ont pas de sexe ; que par la maternité et l’éducation des enfants la coopération de la femme dans la société et la famille est égale à celle de l’homme ; que le progrès est à l’égalité, et que l’éducation le réalisera.

Nous examinerons tout à l’heure la moralité de la femme : attachons-nous pour le moment à son intelligence.

VI

L’argumentation dont je viens de rapporter la substance a ceci de remarquable, qu’elle peut servir d’échantillon de la manière dont la femme, abandonnée à ses propres inspirations, a de tout temps raisonné et raisonnera éternellement. La clarté grammaticale n’y manque pas : faites-lui grâce de l’idée, la femme parle aussi bien, peut-être mieux, en tout cas plus volontiers que l’homme. Et c’est le privilége de notre langue que sa clarté s’impose à tous, même au sophiste qui parle contre sa conscience et sa raison, même à la femme savante qui parle sans raison ni conscience.