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de la chair aussi bien que de la nature, il s’ensuit que l’égalité des âmes doit apparaître peu à peu entre les personnes, et toute différence de prérogatives entre les sexes s’effacer. Ce n’est qu’une question d’éducation, analogue à celle du prolétariat. Le peuple non plus n’est pas au niveau de la bourgeoisie ; mais par l’éducation il peut y arriver, et c’est son droit d’en obtenir les moyens. Le problème de la destinée de la femme est le même. Qu’il lui soit possible de se racheter, selon le vœu et la loi de la nature, elle ne demande rien de plus ; le lui refuser serait une tyrannie et un crime.

Ainsi on ne nie pas l’infériorité physique de la femme et les conséquences qui s’en suivent ;

On ne nie pas davantage son infériorité intellectuelle, au moins dans l’état présent des choses ;

On se borne à dire que l’infériorité de puissance organique doit être compensée par le progrès industriel, et l’infériorité intellectuelle neutralisée en tant qu’elle résulte des influences de l’organisme, de l’insuffisance de l’éducation et de la constitution sociale ; de sorte que les deux sexes demeurent en présence, ramenés à leur valeur purement animique, ou, pour mieux dire, angélique, semblables à de purs esprits, que la mort et le ciel ont dégagés de la sexualité et de la matière.

Telle est la thèse soutenue par Mmes de Staël, George Sand, Daniel Stern et autres.

« Dans ses plus brillantes manifestations, le génie féminin n’a point atteint les hauts sommets de la pensée, il est pour ainsi dire resté à mi-côte. L’humanité ne doit aux femmes aucune découverte signalée, pas même une invention utile. Non-seulement dans les sciences et dans la philosophie elles ne paraissent qu’au second rang, mais encore dans les arts, pour lesquels elles sont si bien douées, elles n’ont produit aucune œuvre de maître. Je ne veux parler ici ni d’Homère, ni de Phi-