Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du sexe fort à l’égard du sexe faible ; j’approuve, j’appuie sur ce point, la protestation de ces dames. Je ne demande que justice, puisque c’est au nom de la Justice qu’on revendique pour la femme l’égalité. Il restera toujours, en accordant à celle-ci toutes les conditions d’éducation, de développement et d’initiative possibles, qu’en somme la prépondérance est acquise au sexe fort dans la proportion de 3 contre 2, ce qui veut dire que l’homme sera le maître et que la femme obéira. Dura lex, sed lex.

IV

Ce que je viens de dire est de pure théorie : dans la pratique, la condition de la femme encourt, par la maternité, une subordination encore plus grande.

En quelques secondes, l’homme devient père. L’acte de génération, modérément exercé et dans l’âge voulu, loin de lui nuire, lui est, comme l’amour, salutaire.

La maternité coûte autrement cher à la femme.

Sans parler de ses ordinaires, qui prennent 8 jours par mois, 96 jours par an, il faut compter, pour la grossesse, 9 mois ; les relevailles, 40 jours ; l’allaitement, 12 à 15 mois ; soins à l’enfant, à partir du sevrage, cinq ans : en tout sept ans, pour un seul accouchement. Supposant quatre naissances, à deux années d’intervalle, c’est douze ans qu’emporte à la femme la maternité.

Il ne faut point ici chicaner et marchander. Sans doute la femme enceinte, et la nourrice, et celle qui soigne les enfants plus grands, est capable de quelque service. J’estime, quant à moi, que pendant ces douze années le temps de la femme est absorbé par la gésine ; que ce qu’elle peut faire en plus, sans se détériorer, est boni, en sorte qu’elle et ses enfants tombent entièrement à la charge de l’homme.

Si donc pendant la plus belle partie de son existence,