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dans la littérature et dans l’histoire, et vous ne pouvez pas plus répudier la Lélia de George Sand que le René de Chateaubriand.

La France très-chrétienne n’a plus rien à envier à la Rome et à la Grèce idolâtres. En toutes choses nous avons surpassé nos modèles : nous les avons surpassés par la philosophie et la science, surpassés par le droit et l’industrie, surpassés par la profondeur de notre idéal et l’héroïsme de notre Révolution ; nous les surpassons encore par la bassesse et l’hypocrisie de notre débauche.

C’est l’impudicité qui a perdu la noblesse française et qui perd aujourd’hui bourgeoisie et plèbe. Les mœurs chevalières et galantes qui distinguèrent nos aïeux ont disparu ; le mariage devenu une affaire, le concubinage dédaigné, nous sommes en pleine promiscuité, tant la paillardise est devenue universelle, tant elle est pour nous chose légère. Nous voilà parvenus à l’amour unisexuel : on parle de parties fines où la fashion féminine se livre, comme les Romaines de Juvénal, à des combats tribadiques,

Ipsa Medullinœ frictum crissantis odorat ;

et l’on m’assure que l’usage commence à s’en répandre dans les pensionnats de demoiselles et parmi les ouvrières.

Dernier mot d’une société qui se meurt en appelant l’amour, et qui ne retrouvera l’amour, la vie, l’honneur, que le jour où s’échappera de sa conscience le cri de salut : Justice !