Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

héroïques, on fait si bien que jusqu’à ce qu’elle ait reçu la première façon elle ne soupçonne rien de la réalité. Si plus tard elle devient perfide et scélérate, il faut avouer qu’elle a commencé par une excessive crédulité. Aussi, que de trahisons et de désespoirs ! que de suicides !… Et nous sommes si avilis, nous avons si bien la conscience de notre solidarité dans ce carnaval d’infamie, que si, par extraordinaire, il se produit un fait de répression de la part d’un père ou d’un frère outragé, d’un mari déshonoré, et que mort s’ensuive, le magistrat s’empare de l’affaire, la Justice accuse, la famille de l’insulteur puni demande vengeance, et le meurtrier sera heureux si, par la divulgation judiciaire de sa honte, il obtient enfin un acquittement.

Ce qu’il y a de plus odieux est de voir l’irresponsabilité des suites assurée à l’homme et le risque incomber tout entier à la femme : c’est le bouquet de l’amour chrétien, la fleur de notre chevalerie. Malheur à la jeune fille surprise et devenue mère ! Pour elle, toute maison se ferme ; la pitié détourne la tête, l’aumône serre ses cordons. Honte à la pécheresse ! malédiction sur son fruit ! Le lâche qui l’a rendue mère est indemne de par la loi : La recherche de la paternité est interdite.

XLVII

Si du moins le prêtre qui s’est donné la mission de nous initier à l’amour des séraphins pouvait en fournir de sa personne un exemple authentique et de bon aloi, le miracle de cette vertu céleste accordée par grâce spéciale aux instituteurs des nations fermerait la bouche à l’incrédulité. À la vue de cet élu, heureux dès cette vie de la privation du bien qu’il laisse aux autres, nous reconnaîtrions la présence de l’Esprit de pureté dans un sacerdoce sans souillure.