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vail de conversion ne se ralentisse. Travaillez à la vigne du Seigneur à tous les instants de votre vie ; travaillez-y le jour, travaillez-y le soir, travaillez-y la nuit, la nuit surtout, mes très-chères sœurs : la nuit, c’est votre force !… »

Le malheureux ! Il assimilait dans sa pensée la condition du mari à celle du moine qui demande à son supérieur une permission de tolérance : Domine, ut eam ad lupanar. Mais, plus sévère envers le mari que l’abbé envers ses moines, il exige des chères sœurs qu’au préalable elles s’assurent que les maris vont à confesse : pas de billet de confession, pas de tolérance.

Tout manque de respect envers soi-même entraîne la perte du respect des autres : comment le mariage serait-il sacré, quand la profanation a pour premiers auteurs les époux eux-mêmes ?

C’est surtout depuis rétablissement du christianisme, et grâce au développement des mœurs chevaleresques, que l’adultère, un des plus grands crimes aux yeux des anciens, a perdu sa gravité et s’est multiplié d’une si déplorable manière. Je n’ai pas besoin d’en expliquer la raison : elle est toute dans ce mot fatal, le devoir. Dès lors que l’amour, dans son idéalité, a été séparé du mariage, et que, d’autre part, l’un des conjoints, par impuissance ou autrement, néglige son devoir, l’infidélité devient pour l’autre excusable, Si impos. De là le ridicule qui s’attache au mari trompé, le blâme réservé au jaloux, la réprobation qui tombe sur le vindicatif. Le cocuage devient le corollaire du mariage ; sous ce rapport, on peut dire qu’il est d’institution catholique et apostolique. Il fait partie du pacte conjugal, il entre avec les mariés à l’église, il en revient avec eux, il s’assied à la table, il veille au foyer ; c’est le dieu Lare qu’apporte, parmi ses hardes, toute épousée. Toute la littérature érotique et badine le chante ; les sages en prennent leur parti : il