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combinaison de ce double droit de l’homme et du citoyen qu’est toute l’émancipation de la femme.

Le christianisme, avec son dogme de la chute, avec sa légende désespérée du travail, avec ses concessions à l’endroit du servage, avec ses préventions contre le commerce et l’industrie, avec son ignorance absolue des lois de la production et de la circulation de la richesse, avec son esprit d’autorité, de hiérarchie et de patriciat, était au-dessous de l’entreprise.

La famille et la société désorganisées, il se trouva donc impuissant à rien rétablir ; il n’eut d’énergie que pour flétrir l’homme et la nature, détruire les monuments de l’ancien culte, persécuter ses ministres, s’emparer de ses biens et dotations, et se déchirer lui-même pour la définition de ses dogmes. De même qu’il ne sut sauver l’empire de la dissolution et de l’invasion, il ne sut pas davantage préserver le mariage et la famille de la lèpre qui les rongeait. Le mal ne fut pas guéri ; il changea de caractère. Comme une éruption répercutée, il passa à l’état chronique, et la constitution tout entière fut ébranlée.

Et d’abord, l’idolâtrie interdite, les sectes communistes exterminées, la femme qui jadis, sous la protection du culte public, se vouait à l’amour libre, fut jetée sans forme de procès aux gémonies… Regretterons-nous la prostitution religieuse ? À Dieu ne plaise ; mais il est permis de regretter que des créatures humaines qu’on n’a pas su pourvoir, dont on est forcé de tolérer, de protéger le commerce, n’aient gagné à la réforme évangélique qu’un degré de plus d’avilissement. La prostitution ne finit pas avec le polythéisme, comme nous savons tous : mariée à la misère, proscrite devant les dieux et devant les hommes, écrasée sous l’infamie, elle devint plus abominable, plus hideuse. Plus de consécration qui demande grâce