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gardien, son mariage le voile sacré qui protége et qui couvre sa virginité, son fils bien-aimé une fleur que son intégrité a poussée ; si, lorsqu’elle le conçut, la nature, étonnée et confuse, crut que toutes ses lois allaient être à jamais abolies ; si le Saint-Esprit tint sa place, et les délices de la virginité celle qui est ordinairement occupée par la convoitise, qui pourra croire qu’il n’y ait rien eu de surnaturel dans la conception de cette princesse, et que ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit point marqué de quelque insigne miracle ? » (Ibid.)

Pour moi, je me prosterne devant ce style, j’adore cette pureté incomparable. Ce contraste de l’enfance innocente et sainte reposant sur un trône maculé ; cette suite de prérogatives virginales dont se compose la vie de la femme modèle, et qui ne saurait prendre son commencement dans la souillure des conceptions vulgaires ; ces images de temple, de tabernacle, de lit nuptial, de maternité, tout cela me ravit, et je dis, après Bossuet, mais en généralisant sa pensée : Non, il n’est pas possible que la conception humaine soit souillée, que la véritable épouse cesse d’être vierge en devenant mère, et que cet amour, qui sert de fondement à la famille et à la société, soit livré aux transports de la concupiscence. Tout cela, dis-je, est de la bête, non de l’homme. Si le christianisme s’est trompé, c’est en faisant de la règle l’exception, c’est en restreignant au Christ et à la Vierge ce qui doit être le privilége de toute naissance légitime.

Bossuet et les mystiques doivent donc être tenus pour innocents, et ma critique ne s’adresse point à leurs expressions, pas plus qu’à leurs mœurs. C’est leur foi, c’est leur dogme que je considère.

Le christianisme a beau élever son idéal, protester que son langage est pure métaphore : la parole implique l’idée, et par son idée le christianisme, malgré qu’il en ait, rend hommage à l’amour ; il en reconnaît la condition essentielle, qui est la distinction et l’union des sexes ; et plus