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directement sur la Justice, prend sa base sur une foi, un dogme, un respect transcendantal, il faut qu’elle rompe entre l’homme et la femme le serment matrimonial, ou tout est perdu. De même qu’en leur qualité de citoyens ils relèvent de l’autorité publique, ils doivent en relever en qualité d’époux. Ainsi en usaient avec leurs néophytes les jésuites du Paraguay. Ou la communauté des amours, comme la voulurent Platon et les premiers chrétiens ; ou la subordination du mariage au prêtre, c’est-à-dire le concubinage. Hors de là, point d’Église, point de religion.


CHAPITRE V.

Corruption de l’amour et du mariage chez les chrétiens : Caractère de la lubricité moderne.

XL

À l’idéal d’amour qu’avaient rêvé l’une après l’autre, de la diversité de leur point de vue, l’école spiritualiste de Socrate et l’école sensualiste d’Épicure, le christianisme ne fit donc que substituer, de son point de vue particulier, un autre idéal, l’amour mystique. Des réformateurs judicieux n’eussent eu à faire qu’une chose, c’était, en interprétant le symbole sacramentel, de rétablir le sens juridique du mariage. Fidèles à leur haine de la nature et de l’humanité, les missionnaires du Christ enchérirent sur tous les raffinements de la philosophie païenne. La même cause qui avait perdu la famille antique devait perdre aussi la famille nouvelle : de quelque manière que vous absorbiez le poison, en poudre, en liquide ou en vapeur, il vous tue.

Qu’est-ce d’abord que cet amour mystique ?