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faite ? — « Il n’est pas bon, se dit l’Éternel, que l’homme soit seul : faisons-lui un aide semblable à lui. »

Telle est donc la marche de l’idée génésiaque : en premier lieu les animaux, créés tous d’après des conceptions particulières de l’esprit divin, quadrupèdes, oiseaux, poissons, reptiles, insectes ; l’homme ensuite, fait, par exception, à l’image de Dieu et tiré de la terre ; la femme, enfin, faite à l’image de l’homme, et prise d’une de ses côtes. Dans tout cela qu’a voulu la Genèse ? Marquer la dépendance et l’infériorité de la femme : elle doit être pour l’homme un auxiliaire ; c’est pour cela qu’elle est faite à son image et prise de sa substance. L’Apôtre le rappelle ailleurs en termes singuliers :

Que l’homme se tienne à l’église nu-tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais que la femme soit voilée, parce qu’elle est la gloire de son mari : sinon qu’on la rase.

Car l’homme n’est pas de la femme, mais la femme de l’homme ; et l’homme n’a point été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. (Première aux Corinthiens, ch. xi.)

Entre ces deux êtres semblables, mais inégaux, quel sera le rapport ? Telle est la question à laquelle va maintenant répondre la Genèse, et saint Paul à sa suite. La femme créée, Dieu ne procède point, à l’égard de cette création dernière, comme il avait fait au sujet des animaux, des plantes et des astres, s’approuvant lui-même et prononçant que c’était bien ! Il présente à Adam tous les animaux pour qu’il les nomme, et la femme en dernier lieu. La revue se passe d’abord avec tranquillité ; puis tout à coup, à la vue de la femme, Adam s’écrie hors de lui : La voilà ! Chair de ma chair, os de mes os, moitié de ma vie !… L’homme quittera son père et sa mère, etc.

La Bible, en faisant ainsi parler le premier amant, rappelle l’androgyne de Platon, dont les deux moitiés séparées tendent avec ardeur à se rejoindre, La dérivation ischah,