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dire que la pédérastie existe ? C’est une turpitude qu’il vaudrait mieux punir du bâton que de la prison, et qui, à moins de récidive, ne tire pas à conséquence.

Plus souvent c’est l’effet d’une volupté furieuse que rien ne peut plus assouvir. Alors, que le magistrat sévisse : l’acte sodomitique est le signe d’une dépravation sans remède.

Que des misérables, manquant de femmes, se procurent entre eux de telles jouissances ; que d’autres, plus scélérats, pour qui le crime a des charmes, s’en vantent, tout cela se conçoit. Mais jamais la philosophie ne s’empara du vol, du parjure, de l’assassinat, pour en faire l’objet de ses théories ; jamais la poésie ne prit de tels monstres pour objet de ses chants : même en matière d’amour, l’adultère, le viol, l’inceste, répugnent au poëte. Comment la sodomie, dernier terme de la dépravation érotique, fit-elle jadis exception ? Comment de grands poëtes en vinrent-ils à célébrer cette monstrueuse ardeur, privilége, à les entendre, des dieux et des héros ? Y aurait-il dans cet accouplement contre nature, dans ce frictus de deux mâles, de deux femelles, une jouissance âcre, qui réveille les sens blasés, comme la chair humaine qui, dit-on, rend fastidieuse au cannibale tout autre festin ? La pédérastie serait-elle un succédanée de l’anthropophagie ?…

Sur ces horreurs il faudrait entendre ceux qui en font passe-temps ; mais ils se cachent, leur aspect dégoûte : impossible d’obtenir, de soutenir une explication. À défaut de dépositions orales, j’ai consulté les témoignages écrits ; j’ai interrogé ces anciens qui surent mettre de la poésie, de la philosophie partout, et qui, parlant à une société habituée aux mœurs socratiques, ne se gênaient guère. Voici à quelles conclusions je suis arrivé : elles confirment de tout point la théorie donnée