Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à l’ordre des censeurs, qui lui avaient fait promettre de donner des enfants à la République. La constitution de l’État ne fut elle-même qu’une extension de celle de la famille : qui touchait à celle-ci, ébranlait aussitôt celle-là. Toutes les révolutions romaines ont pour cause un attentat à l’honneur domestique : la mort de Lucrèce amène l’expulsion des rois et l’établissement de la République ; celle de Virginie détermine la chute du décemvirat ; le crime de Papirius produit la liberté civile ; un peu plus tard, l’insulte faite à une autre Virginie amène la divulgation des formules : alors le mariage plébéien, coemptio, devient l’égal du mariage patricien, confarreatio. Mais de cette époque date aussi l’altération de la charte domestique ; la constitution de la famille entraînant celle de l’État, le droit public est changé, mutatum autem jus, selon l’observation de Tite-Live, et la République que soutient de moins en moins le respect des pères, patres conscripti, incline à sa perte. (Voir une excellente monographie du Mariage romain, par M. Picot, in-8o, 1849.)

La question maintenant est de savoir si le principe de conscience qui dans l’union de l’homme et de la femme s’ajoute à l’amour pour le purifier, le rasséréner, le convertir, en faire un amour spirituel et à toute épreuve, ce qu’indiquait la fraternité mythologique de l’Amour et de l’Hyménée ; si, dis-je, ce principe a véritablement l’efficacité requise ; à quelles conditions il peut acquérir cette efficacité ; ce que vaut à cette fin l’acte ou sacrement de mariage ; quelle destinée il fait à la femme, et de quelle importance il est pour la Justice et la société.

Suivons l’histoire.