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indissoluble, ses intermittences adoucies, son réveil plus soutenu ; 2o la femme, de si peu de ressource, deviendrait un auxiliaire utile ; 3o la paternité, si coûteuse, serait l’extension du moi, l’orgueil de la vie et la consolation de la vieillesse.

Le mariage, enfin, tel que l’a conçu l’universalité des législateurs, est une formule d’union par laquelle la domination serait donnée aux époux sur l’amour, cette fatalité redoutable née de la chair et de l’idéal ; la femme acquerrait une valeur économique, et les enfants seraient offerts comme une bénédiction et une richesse.

Ceci est-il sérieux ?

La garantie que le mariage prétend offrir contre les défaillances de l’amour, en la supposant efficace, en serait la dénaturation : elle suppose, en effet, que l’amour n’aurait pas seulement pour objet de servir à la génération, quil aurait encore une autre fin, soit de volupté pure, soit au contraire de moralité : deux choses qui, ce semble, également lui répugnent.

Quant à la femme, le calcul fondé sur sa capacité productrice est tout ce qu’il y a de plus faux, comme on verra : mauvais associé, qui coûte en moyenne beaucoup plus qu’il ne rapporte, et dont l’existence ne repose que sur le sacrifice perpétuel de l’homme.

Ne parlons pas, de grâce, des fruits de l’amour : de par la nature qui seule préside à leur procréation, l’ingratitude est leur lot, j’ai presque dit leur droit. L’amour, dit fort bien le proverbe, ne remonte pas.

Cependant ne préjugeons rien, même contre le préjugé. La raison de l’humanité ne procède pas, comme celle des philosophes, par des inductions et des syllogismes ; elle s’affirme par ses actes, d’ensemble et d’emblée, sans se donner la peine d’écrire ses motifs sur le sable des rivières et l’écorce des hêtres, laissant aux sages le soin de la