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mienne, et que, malgré de grands exemples, il entre dans mes principes qu’un homme de sens n’anticipe pas sur le jour de ses noces, je me devais, je devais à la cause que je défends et au respect du peuple, de faire cette déclaration.

II

À nous deux, maintenant, Monseigneur.

Je connais votre thèse favorite, saisie avec tant d’à propos par mon biographe : Vide de la foi, abandonné de la grâce, le cœur de l’impie devient un abîme de corruption, et cette corruption éclate surtout par l’impudicité. Ceux qui manquent à la religion sont livrés à Asmodée, le démon de la chair, qui étrangla les sept premiers maris de Sara.

La chair et ses œuvres ! c’est un sujet que vos prêtres, voués quand même au célibat, aiment à fouiller, pour la diffamation des libres penseurs et leur propre gloire. Fouillons donc, et s’il se trouve que l’Église, avec ses airs de vierge, a fait sur ce point comme sur tous les autres rétrograder la morale, j’aurai le droit de lui dire : N’accusez pas, si vous ne voulez pas qu’on vous accuse.

Oui, Monseigneur, je suis chaste ; je le suis naturellement, par inclination, par incompatibilité d’humeur, si je puis ainsi dire ; je le suis surtout par respect pour la femme. Comme je ne tiens pas le moins du monde à passer pour un héros de chasteté, je vous énumère toutes les raisons qui peuvent diminuer en moi le mérite de ma vertu.

Ceci toutefois ne veut pas dire que j’aie été toujours d’une continence parfaite. Il existe, vous le savez, une grande différence entre ces deux choses, dont l’une ne suppose pas toujours l’autre, la chasteté et la continence. J’oserai même dire que la continence est la vertu de ceux