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duit les lois par son intelligence, il n’a de morale que son bon plaisir ; conséquemment que la condition de l’homme sur la terre, est celle d’un tyran, ou plutôt, puisqu’il ne saurait détruire l’œuvre de Dieu, d’une âme captive et déchue ; qu’ainsi sa personne n’a de dignité que celle qu’elle reçoit de sa religion ; que du reste, comme la domination de l’esprit pur sur la matière inerte et passive est absolue, il n’existe pas de formes authentiques et obligatoires ni pour l’ordre économique ni pour l’ordre politique, et que l’état naturel des sociétés est l’arbitraire.

XXXV

Faut-il que ce soit moi qui aujourd’hui vous donne de semblables leçons ! Faut-il qu’après avoir montré par quelle loi d’équilibre se légitime la propriété, j’aie à défendre encore, au point de vue de la psychologie, cette possession de la terre sans laquelle la vie de l’homme n’est plus, comme la propriété elle-même, qu’une abstraction !

Rien de métaphysique, d’irréel, de purement abstrait et nominal, ne peut faire partie de l’ordre pratique et positif des choses humaines. Cela se déduit nettement de nos axiomes, et la Révolution a mis fin à toutes ces fictions de la transcendance.

Conception pure du moi, expression hautaine de son absolutisme, la propriété, nous l’avons dit (Étude IIIe, ch. vi), est indispensable à l’économie sociale ; mais elle n’entre dans le commerce du genre humain qu’à deux conditions ; l’une, de se soumettre à la commune balance des valeurs et des services ; l’autre, de se réaliser dans une possession effective. Sans cette condition, elle resterait immorale.

Eh quoi ! le Pouvoir social, cette puissance de collectivité qui, sous les noms mystiques de monarchie, aristo-