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Dieu et à l’enfer qu’il en a perdu le sens moral. Molière, disciple de Gassendi, le savait, bien qu’il eût donné pour sous-titre à la pièce, l’Imposteur ; mais ses successeurs ne l’ont pas compris, et c’est pour cela qu’ils ne savent plus jouer Tartuffe. Napoléon ne s’y trompait pas non plus, lorsque, plein de ses idées de restauration religieuse, il disait : Si Tartuffe avait été composé sous mon règne, je n’en aurais pas permis la représentation. Que Dieu pardonne au grand Napoléon, puisqu’il s’est fié à lui ! Mais le chef d’État qui, pouvant élever haut la conscience du peuple, la replaça sous le joug de l’Église, comptera avec la postérité.

XXVIII

Concluons sur ce chapitre.

Le catholicisme, qui se vante de moraliser l’homme, n’aboutit, par la double conscience qu’il crée en son âme, et par l’éducation factice qui en est la conséquence, qu’à faire de lui un caractère sournois, hypocrite, plein de fiel, un ennemi de la société et du genre humain.

Or, ce qui est vrai du catholicisme le sera de toute autre église, puisque la loi de toute église est de s’organiser en vertu d’un dogme, pris pour règle et sanction du droit, conséquemment de scinder la conscience et de fausser l’éducation.

Donnez l’éducation de la jeunesse à Saint-Simon, à Fourier, à Cabet, à Robespierre : chacun d’eux l’accommodera à son système ; donnez-la à M. Cousin, il vous fera des éclectiques ; donnez-la à un maréchal de France, il vous fera des enfants de troupe.

C’est cette pensée, commune à toutes les sectes, qui depuis soixante ans a fait proscrire en France la liberté de l’enseignement. Comme en politique on est partisan de la centralisation, en matière d’enseignement on l’est de l’Université. L’Église, pensent les universitaires, ne