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Dieu est le maître absolu de l’univers, qu’il gouverne par son bon plaisir, et conduit par des routes connues de lui seul. Dieu, qui, suivant les théologiens, pouvait créer une infinité d’univers différents de celui-ci, serait-il enchaîné par des lois ? Dieu fera-t-il avec l’homme un pacte irrévocable ? Insensé qui le pense ! Dieu fait ce qu’il veut, et nul n’a le droit de lui demander des comptes.

Du tombeau, quand tu veux, tu sais nous rappeler.
Tu frappes et guéris ; tu perds et ressuscites !
Ils ne s’assurent point en leurs propres mérites,
Mais en ton nom sur eux invoqué tant de fois,
En tes serments, jurés au plus saint de leurs rois ;
En ce temple, où tu fais ta demeure sacrée,
Et qui doit du soleil égaler la durée.

Or, gouvernement de Dieu et gouvernement de l’Église, c’est même chose.

C’est à la prière de l’Église que Dieu tue les Sennachérib, les Balthazar, les Antiochus, les Dèce, les Galère, les Julien : pourquoi l’Église qui maudit, dont la prière donne la mort, ne mettrait-elle pas la main à l’exécution ?

Est-ce que la conscience de l’Église, qui est la conscience même de Dieu, se gouverne par la Justice des hommes ?…

L’Église a la main sur toute âme qui manque à la foi, Arius ou Jean Hus, Savonarola ou Henri IV. Qui donc, s’il n’est athée, pourrait lui demander compte de la manière dont elle exécute ses sentences ?

Depuis près de soixante-dix ans l’Église ne cesse d’élever à Dieu ses prières contre la Révolution, comme les Juifs pendant la captivité de Babylone. Que parlons-nous de concordat ? Une feuille de papier, dont il a plu à Dieu de se servir, comme de l’édit de Cyrus, pour affranchir son peuple, mais qui ne saurait servir de titre à une