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protestantisme fait appel à ces jeunes raisons, qui lui doivent de pouvoir lire et penser par elles-mêmes ; il distribue ses bibles, provoque l’examen : pour des âmes catholiques, le protestantisme est l’émancipation ; autant de lecteurs, autant de défectionnaires. Il suffit à un dogme de faire appel à la raison pour que la raison le préfère, et, à défaut de philosophie, s’y attache. Déjà, en 1852, M. O’Moore avait observé que, sur une population de cent mille âmes, l’Église catholique n’avait béni que quatre ou cinq mariages, tandis que dans les années précédentes elle était encore à plusieurs cents.

Ce système de neutralité des écoles a été adopté en Hollande : là aussi le catholicisme rencontre pour adversaires la lumière et la liberté.

« Dans la plus grande partie de l’Allemagne, les lois obligent les parents à envoyer les enfants à l’école, ou à fournir la preuve de l’instruction qu’ils reçoivent au logis. Ces lois datent de l’origine du protestantisme. En Saxe, l’électeur Maurice convertit les grands couvents en écoles, sans toucher à leurs dotations ; la prébende qui nourrissait des moines oisifs et inutiles à l’État entretient maintenant les fonctionnaires qui lui rendent les plus utiles et les plus laborieux services. » (A. Guillard ; Éléments de statistique.)


En France nous suivons un système diamétralement inverse.

Depuis l’expédition de Rome, en 1849, la grande nation semble avoir pris à tâche d’opérer la contre-révolution sur le globe : pour commencer, elle s’enfroque, se déchausse, se rase, s’encapuchonne, se jésuitise. Dans les derniers conseils de révision, on a remarqué que le nombre des jeunes gens qui ne savent pas lire a augmenté. En même temps qu’on amoindrit la condition des professeurs et des maîtres d’école, on augmente les dotations et traitements du clergé ; on livre l’enseignement, l’ave-