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phisme. À Gand, l’Université a été mise en interdit par le pape jusqu’à expulsion de deux professeurs désignés comme hostiles à l’Église et à la foi. Mais la Belgique est une terre de bénédiction. Quelle merveille que les Jésuites destituent les philosophes, là où ils se croient assez forts pour rétablir la main-morte ! Chez nous, il n’y aura bientôt plus de philosophes dans l’enseignement ; il n’y aura que des thuriféraires.

g) Émendation de l’histoire, d’après le système Loriquet.

h) Expurgation des sciences, conformément aux textes de la Bible.

i) Mutilation et travestissement des auteurs. Voir dans la Revue des Deux-Mondes, article de M. Cyprien Robert, professeur au collége de France, de quelle façon le clergé latin a dévasté les monuments de la littérature slave, partout où il a pu les atteindre. Et qu’on ne croie pas la dévotion protestante moins sujette au vandalisme, là où les intérêts de sa foi lui semblent compromis. Un de mes amis, qui a visité l’Égypte, m’a raconté que le célèbre philologue Richard Lepsius, envoyé par sa majesté le roi de Prusse pour étudier les monuments hiéroglyphiques, ne manquait jamais, après avoir pris copie des inscriptions, de briser à coups de marteau ces vénérables caractères : moyen sûr de couper court à toute discussion ultérieure. Les hiéroglyphes pouvaient servir à confirmer le dire de Manéthon, qui, assignant à Mènès plus de six mille ans de date, le reportait par conséquent bien au-delà du déluge et de la création elle-même. M. Lepsius a rectifié cette chronologie, et n’a pas peur qu’un autre rectifie la sienne. Malheureusement, la fraude est connue, et M. Lepsius peut se vanter d’avoir travaillé, comme nous disons de ce côté-ci du Rhin, pour le roi de Prusse.