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δος Οὸλυμποιο, tout ce qu’il y a de plus élevé dans les règnes réunie de la nature. Père qui êtes aux cieux, cela signifie donc : Souveraine essence, source de toute Justice, élevée au-dessus de toutes les créatures !… C’est Dieu, direz-vous encore. Vous allez vite en interprétation, et vous vous contentez de bien peu de chose. L’âme ne peut croire, connaître et affirmer que ce dont elle a le sentiment ou l’expérience ; et la seule chose dont elle ait ici le sentiment, c’est elle-même ; c’est son moi, que rien n’égale dans le monde visible, et qu’elle découvre à travers le télescope de la contemplation transcendantale. L’âme agit ici comme l’enfant qui, apprenant à parler, avant de dire moi, se désigne à la troisième personne : conclurez-vous, sur la parole naïve de cet enfant, qu’il est double ?…

Que ton nom soit sanctifié. — Le nom, suivant l’énergie du style oriental, est la même chose que la définition, c’est-à-dire l’essence. Or, à qui peut convenir ici le vœu de sanctification ? À Dieu ? c’est impossible. Dieu, malgré tous les blasphèmes et toutes les idolâtries, est inviolable. L’âme pense donc en réalité autrement qu’elle ne s’exprime ; et quand elle dit à son Père : Que ton nom soit sanctifié, c’est comme si elle se disait : Que par la contemplation de ma pure essence je me sanctifie et me rende de plus en plus semblable à moi-même, à mon type, à mon idéal ! C’est, en autres termes, ce que l’oracle de Delphes recommandait, avec moins d’emphase, à l’homme pieux, quand il lui disait : Connais-toi toi-même. Quelque violence qu’on fasse aux mots, nous ne sommes plus dans le ciel ; le sanctificetur nous fait descendre dans l’humanité : l’Évangile et la Pythie sont d’accord.

Que ton règne arrive. — Le règne de Dieu est éternel, dit l’Écriture ; il ne tombe pas dans le temps. La proposi-