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promenades ; — pour tous les temps : solstices, équinoxes, nouvelles lunes, semaines, matin, midi, soir ; — pour toutes les affaires : quand le roi va à la guerre et quand il revient de la guerre, quand on installe un préfet, quand on intronise un évêque, quand on bâtit une maison, quand on ouvre une mine, quand on lance un navire, quand on dédie une église ou qu’on fond une cloche ; — pour tous les accidents, intempéries et calamités, pluie et sécheresse, tonnerre, grêle, gelée, inondation, incendie, famine, peste, épizootie, etc. Les journaux racontaient naguères qu’un exploiteur de carrière, ayant fait bénir ses travaux par l’évêque de Viviers, assisté de tout son clergé, il se détacha de la montagne une masse de cent mille tonnes de pierre : il est vrai qu’on avait eu soin de mettre le feu à une charge de poudre de 10,300 kilogrammes.

Il y a des saints doués, par permission divine, de prérogatives spéciales pour la préservation des fléaux et maladies : naufrages, bêtes féroces, insectes, fièvres, blessures, écrouelles, gale, lèpre, pustule maligne, dyssenterie, épilepsie, hydrophobie ; des saints pour la clavelée, le farcin, le tournil, les rhumatismes, les hémorrhoïdes ; des patrons pour tous les métiers, corporations, paroisses, cités, provinces et royaumes. Le Christianisme ne laissait rien à faire à la politique, ni à l’économie, ni à l’assurance, ni à la médecine, ni à la stratégie ; il avait pourvu à tout par ses recettes : Ite, docete omnes gentes.

XIII

Est-ce de lui-même que l’homme, cette créature si belle en son corps, si sublime en son âme, destinée à devenir le type généreux de la vie morale, se plonge avec une sorte de délice dans cet océan de superstitions !…. Agit-il sous l’instigation d’un esprit jaloux, par un châti-