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Et l’auteur de ce projet d’envoyer en Algérie les enfants trouvés ;

Et tant d’autres que je renonce à citer, dont cent pages n’épuiseraient pas la nomenclature ; tout ce monde d’économistes philanthropes s’est-il jamais occupé de la physiologie, ou, pour mieux dire, de la psychologie du travail ? Sait-il ce que c’est que la balance des services, la mutualité du crédit, la force collective, la polytechnie de l’apprentissage ? A-t-il seulement le sens moral ?…

LI

Ainsi la société est divisée dans ses couches profondes.

Le travailleur crie, avec la Révolution : Justice, balance, affranchissement.

Le vieux monde répond : Fatalité, nécessité, prédestination, hiérarchie !…

Quelle sera l’issue du débat ?

Pour moi elle n’est pas douteuse : Credo in Revolutionem. Mais à une question précise il faut une réponse précise, et voici ma conclusion :

Le travailleur n’engagera pas le conflit sur la question personnelle : il sent trop peu encore sa dignité d’homme et de citoyen.

Il ne se révoltera pas pour la balance économique : le doit et l’avoir sont termes pour lui trop obscurs, et l’agiotage, comme la loterie, lui déplaît médiocrement.

Il ne prendra pas les armes pour sa souveraineté politique : l’indifférence en matière de gouvernement l’a gagné comme tout le monde.

Bien moins encore protestera-t-il contre la mauvaise éducation qu’on lui donne : il implique que le néant proteste contre lui-même.

Le travailleur se lèvera pour le travail : cette question pour lui implique toutes les autres.