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À l’extrémité opposée au génie paraît la domesticité. Pour celle-ci, nos législateurs avouent qu’elle aurait grand besoin de réforme. L’esprit nouveau l’a corrompue ; il n’y a plus de vrais domestiques ; c’est une race qui se perd, et dont l’extinction compromet l’existence même de la société. Mais comment régénérer la domesticité ? Qu’est-ce que le domestique ? A-t-il des droits politiques ? Dépendant de la volonté d’autrui, peut-il se dire citoyen ? Âme serve, subalternisée, est-il seulement un homme ? Le parfait domestique devrait avoir une conscience et pas de moi : le moyen de concilier ces deux termes ?

Comme la femme, répond l’oracle, est la plus belle moitié du genre humain, la domesticité est la plus belle moitié de la famille. Vous n’aurez pas d’autres domestiques que vos mères, vos femmes, vos sœurs, vos filles, votre proche parente qui désire habiter auprès de vous. Hors de là, souvenez-vous-en, il n’y a pas de domestiques. Il y a des frotteurs, des décrotteurs, des palefreniers, des vachers, des cuisiniers, des balayeurs, en un mot des industriels faisant leur spécialité des fonctions du ménage.

Quelle leçon pour ces dames !…

XLVI

Voilà les idées, et j’en passe des meilleures, que le progrès du temps et le travail souterrain de la Révolution ont fait germer dans les têtes, et qui coulent, comme un torrent vomi par l’Etna, du bec de ma plume.

Voilà ce que, tous tant que nous sommes, riches et pauvres, savants et ignorants, croyants et sceptiques, nous sentons venir ; ce qui inquiète l’aristocratie et enflamme le prolétariat.

Depuis que le monde existe le travailleur est damné.