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l’Académie des beaux-arts est incapable de donner une théorie de l’art ; l’Académie des sciences morales enseigne Malthus. Puis il en est de toutes ces solennités comme des sermons ; on a beau prêcher, le paysan reste routinier, la grisette légère, l’homme de lettres grivois, l’ouvrier flâneur et ivrogne. Que faire ? Beaucoup de gens voudraient qu’on supprimât les académies.

Faites mieux, reprend la Révolution : que tout le monde, à l’avenir, soit de l’Académie. Une académie, et tout ce qui y ressemble, est un corps représentatif, la représentation d’une force collective. Il doit donc exister dans chaque département autant de ces corps que le travail et le savoir y comptent de spécialités ; ce qui revient à dire que tout citoyen, soit comme électeur, soit comme élu, fait partie d’une académie. Et comme les distributions de prix, mentions honorables, médailles, etc., ne sont autre chose que le compte rendu annuel des travaux de chaque catégorie fonctionnelle, il arrivera alors que ces sociétés, qui croient donner l’impulsion à la masse, la recevront elles-mêmes de la masse. Ne voyez-vous pas que ce sont vos académiciens qui ont besoin d’avoine et de son ?

Quelle ironie !

Place au génie ! ce sont toujours nos constituants qui parlent. Aristote excepte formellement le génie du principe d’égalité ! la loi, dit-il, n’est pas faite pour lui. Et comme il serait injuste de le proscrire, le seul parti à prendre, de l’avis d’Aristote, est de lui offrir le commandement à perpétuité, en un mot de le faire roi. De nos jours, le culte du génie n’est pas moindre, si du moins nous devons en croire et ceux qui y prétendent, et ceux qui les prônent. Un moment, après la journée du 16 avril, l’honorable M. de Lamartine crut emporter ce prix du génie que propose Aristote ; un autre l’obtiendra, sans