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Le clergé, la magistrature, l’enseignement, l’administration, l’armée, la police même, il n’est pas une classe de la société qui ne réclame secours, subventions, encouragements. C’est tout le monde qu’il faudrait subventionner avec l’argent de tout le monde : comment sortir de ce cercle ?

Eh ! ne voyez-vous pas que ce cercle est votre œuvre ? réplique la Révolution. Le travail n’a pas plus besoin d’être encouragé que garanti ; tout ce qu’il lui faut, c’est la libre circulation des produits, la balance des valeurs et des services, l’abolition du parasitisme agioteur, le crédit réciproque et gratuit, l’éducation intégrale, l’émulation du talent, le juste salaire, le bon marché. Faites cela, et votre agriculture, et votre industrie, seront florissantes au dedans, et elles n’auront pas de concurrence à craindre du dehors. Des encouragements au travail ! c’est aussi ridicule que des encouragements à l’amour.

Quelle flétrissure à la routine !

On insistait : La chair est faible ; l’esprit a besoin d’être soutenu, tantôt par l’éloge, tantôt par l’appât des récompenses. C’est l’objet de nos académies, de nos athénées, de nos sociétés d’émulation, sociétés de tempérance, expositions, comices, concours, prix de vertu, etc. De tout temps les exhortations de la science, comme les munificences du pouvoir, sont venues en aide à l’étude, au travail, à la vertu. Il est vrai, et c’est ce qui décourage jusqu’aux institutions d’encouragements, que les résultats obtenus ne couvrent pas même les dépenses. Les sociétés agricoles n’ont jamais fait produire un kilogramme de pain ni de viande. L’exposition de 1855 a coûté dix fois plus qu’elle n’a rapporté. Les académies semblent des foyers d’hébétude et d’intrigue : à l’Académie française, la contre-révolution est en majorité ;