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puisse à volonté changer de métier, et circuler dans le système de la production collective, comme la pièce de monnaie sur le marché.

Restent donc les manufactures, fabriques, usines, ateliers et chantiers de construction, tout ce que l’on appelle aujourd’hui la grande industrie, et qui n’est autre que le groupe industriel, formé de la combinaison de fonctions parcellaires. Là, l’habileté manuelle étant remplacée par la perfection de l’outillage, les rôles entre l’homme et la matière sont intervertis : l’esprit n’est plus dans l’ouvrier, il a passé dans la machine ; ce qui devait faire la gloire du travailleur est devenu pour lui un assassinat. Le spiritualisme, en démontrant ainsi la séparation de l’âme et du corps, peut se vanter d’avoir produit son chef-d’œuvre.

C’est donc une résurrection qu’il s’agit d’opérer.

XLII

L’initiation maçonnique comprend trois degrés : apprenti, compagnon, maître.

Tous sont appelés à la maîtrise, parce que tous sont frères : il n’y a de privilége pour personne. Au banquet maçonnique, renouvelé de l’antique agape, symbole de la fraternité universelle, règne la plus parfaite égalité.

Je compte pour rien les trente degrés supérieurs, dont le Thuileur de l’Écossisme (Paris, 1813, Delaunay) donne le détail et les formules. Vaines spéculations, dit l’auteur lui-même, imaginées pour le plaisir de quelques riches au cœur étroit, à la cervelle creuse. « Tous les principes de la doctrine maçonnique sont exprimés dans les trois premiers grades, » qui se confèrent indistinctement à tout membre de la société, sous la seule condition de l’âge et des épreuves.

Transportez ce principe d’égalité progressive des céré-