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çonne n’est pas une église ; elle ne repose pas sur un dogme et une adoration ; elle n’affirme rien que la raison ne puisse clairement comprendre, et ne respecte que l’Humanité. Est capable, en conséquence, d’être reçu franc-maçon, de quelque religion qu’il soit, quiconque pratique la Justice et sert ses semblables, de quelque religion qu’ils soient eux-mêmes.

Il faudrait être étrangement pauvre d’esprit, ce me semble, pour ne pas voir que ce rationalisme tolérant, fondé sur le dédain de toute théologie et la substitution au concept métaphysique de l’idée positive et formelle, est la négation même de l’élément religieux, remplacé dans la conscience du franc-maçon par la Justice.

La théologie de la loge, en un mot, est le contre-pied de la théologie.

Aussi n’ai-je pas besoin d’insister davantage sur cet anti-conceptualisme de l’enseignement maçonnique pour montrer combien, en déclarant la guerre, suivant mon expression malheureuse, à tous les dieux substantiels, causatifs, verbaux, justifiants et rédimants, Elohim, Jéhovah, Allah, Christos, Zeus, Mithra, etc., j’étais, sans le savoir, d’accord avec la pensée profonde de la franc-maçonnerie.

Et moi aussi, aurais-je pu dire à la respectable assistance, j’affirme, comme idée souveraine et régulatrice dans les âges futurs, le Rapport, l’Équilibre, le Droit. Je regarde comme de purs instruments dialectiques, subordonnés à cette idée, les concepts de substance, cause, esprit, matière, âme, vie ; je professe la Justice gratuite et sans récompense. Sous le bénéfice de cette explication, et comme je ne veux contrister personne, je consens à rendre gloire avec vous, mes frères, au grand Architecte, immanent dans l’Humanité, et dont le lumineux triangle, plus précieux pour moi que le nom de