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anciennes doctrines religieuses, disons-le tout de suite, la condition sine quâ non de toute théologie.

Bien différente est la théologie des francs-maçons, et par suite leur théodicée. Elle sort des conceptions ontologiques, et prend pour assise une idée positive, phénoménale, synthétique, hautement intelligible : c’est l’idée de rapport ; et comme ce mot de rapport, par sa généralité, semble participer de la nature conceptualiste des notions précédentes, la Raison maçonnique lève tout doute à cet égard en concrétant et définissant son principe sous l’expression d’équilibre.

C’est ce qu’indique à qui veut l’entendre le triple emblème, devenu plus tard celui de la Révolution : Aplomb, Niveau, Équerre.

L’équilibre : voilà une idée qui fait image, qui se voit, qui se comprend, qui s’analyse, qui ne laisse derrière elle aucun mystère. Tout rapport implique deux termes en équation : rapport et équilibre sont donc synonymes, il n’y a pas à s’y méprendre.

De l’idée de rapport ou d’équilibre la franc-maçonnerie déduit sa notion de l’être divin.

Le Dieu des maçons n’est ni Substance, ni Cause, ni Âme, ni Monade, ni Créateur, ni Père, ni Verbe, ni Amour, ni Paraclet, ni Rédempteur, ni Satan, ni rien de ce qui correspond à un concept transcendantal : toute métaphysique est ici écartée. C’est la personnification de l’Équilibre universel : il est l’Architecte ; il tient le compas, le niveau, l’équerre, le marteau, tous les instruments de travail et de mesure. Dans l’ordre moral il est la Justice. Voilà toute la théologie maçonnique.

Du reste, point d’autel, point de simulacres, point de sacrifices, point de prière, point de sacrements, point de grâces, point de mystère, point de sacerdoce, point de profession de foi, point de culte. La société franc-ma-