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XXI

Je lis dans ma biographie :

« Le livre de la Célébration du Dimanche, envoyé par Pierre-Joseph aux académiciens franc-comtois, fut accueilli par eux assez froidement. Sous la toison de l’agneau (style évangélique !) perçait déjà l’oreille du loup. Proudhon, tout en concluant au repos du septième jour, comme hygiène et comme devoir (ce mot est inexact), déclarait que l’égalité des conditions seule pouvait décider les peuples à l’exacte observation de la loi divine. Sans prêcher l’émeute, il invoquait la république, et ce livre était tout simplement la préface du fameux mémoire : Qu’est-ce que la propriété ? »


Le fait est que le rapporteur de l’Académie, M. l’abbé Doney, aujourd’hui évêque de Montauban, dans un rapport longuement motivé, soutint que j’avais prêté à Moïse des vues qui n’avaient point été les siennes, et qu’en conséquence l’Académie ne pouvait, en couronnant mon ouvrage, accepter la responsabilité d’une interprétation qui ne tendait à rien de moins qu’à dénaturer la tradition de l’Église et l’esprit d’une institution si respectable.

À cette observation du rapporteur je répondais : Qu’il s’agissait bien moins aujourd’hui des intentions de Moïse que des besoins de notre époque ; que l’Académie, en mettant au concours la question de l’observation du Dimanche, sous le quadruple aspect de l’hygiène publique, de la morale, des relations de famille et de cité, avait eu en vue de connaître, non plus le sens judaïque, étroit, du sabbat, mais le caractère d’universalité pratique du dimanche.

C’est ce qui me faisait dire dans ma préface :

« Le dimanche, sabbat chrétien, dont le respect semble avoir diminué, revivra dans sa splendeur quand la garantie du travail aura été conquise, avec le bien-être qui en est le prix. Les classes travailleuses seront trop intéressées au maintien de l’institution pour qu’elle périsse jamais. Alors tous