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propriétés, du mariage, de la police, de la justice, et finalement des rapports de la nation avec ses voisines.

On se demande comment, parlant à une race orgueilleuse, dont il s’agissait avant tout de constituer la nationalité au milieu de trente peuplades pêle-mêlées, Moïse débute, comme si c’était pour lui le point capital, par régler le droit de la dernière classe du peuple, domestiques à vie ou à temps, colons, mercenaires, esclaves. La Bible n’a qu’un mot pour toutes ces nuances, éébed, homme de peine, homme qui travaille pour sa nourriture, en latin servus. D’où vient, chez le législateur, cette attention singulière ?

Permettez-moi, Monseigneur, d’entrer ici dans quelque détail : le fait en vaut la peine, et les traditions de l’Église, son esprit, ses monuments, sont si peu connus d’elle-même, que vous me saurez gré de cette dissertation, qui d’ailleurs ne sera pas longue.

XIX

Comme tous les habitants du désert, les Israélites, Beni-Israël, formaient une société aristocratique semblable en tout à celle qu’a si bien décrite M. le général Daumas, dans son intéressant ouvrage sur les Mœurs et coutumes de l’Algérie. Son récit peut servir de commentaire au livre des Nombres, où, sous forme de recensement, se trouve fidèlement décrite la constitution sociale des Hébreux.

Du reste, quand j’assimile l’état des Israélites dans le désert à celui des Arabes, je n’entends pas dire pour cela qu’ils fussent eux-mêmes de sang arabe, ou si l’on aime mieux de souche sémitique : à cet égard, je fais toutes mes réserves. Le point de départ de la colonie abrahamide ; son but avoué, but essentiellement agricole et sédentaire ; la promptitude avec laquelle ce but fut atteint