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législateur l’a mis dans les choses : le spiritualisme, qui fonde la caste, est tout aussi énergique dans Moïse que chez les Brachmanes. C’est Brahma, disent les livres sacrés de l’Inde, qui créa de sa tête la caste sacerdotale ; de sa poitrine, la caste noble ; de ses bras et de ses cuisses, les laboureurs et les marchands ; la poudre de ses pieds produisit les parias. L’équivalent de cette généalogie se retrouve dans le Pentateuque : le sacerdoce est consacré spécialement à Jéhovah, pour le service du culte ; la noblesse possède les terres, gouverne et juge ; le peuple et les esclaves travaillent et mendient. Où M. Ott a-t-il vu que « c’est dans les institutions de Moïse que la protestation contre le régime des castes se manifeste avec le plus d’éclat ? »

Ce que j’en dis, du reste, n’est point à titre de reproche. Moïse fit à peu près ce que comportait son temps et sa race ; il serait parfaitement ridicule de lui en faire un grief. Tout ce que je veux est de montrer, par son exemple, comment de l’idée du spiritualisme naît la subalternisation du travail, et de prendre, pour ainsi dire, la religion sur le fait.

De toutes les lois de Moïse, les premières par l’époque de leur promulgation et par l’importance de leur objet paraissent avoir été celles qui concernent la classe servile ; et parmi ces lois, la plus considérable était le chômage hebdomadaire, sorte de trêve-Dieu, pendant laquelle les opérations du travail demeuraient généralement suspendues…

À propos, n’est-ce pas sur votre demande, Monseigneur, qu’en 1852 la Cour de cassation, infirmant un arrêt de la Cour de Besançon, pourtant assez dévote, déclara qu’une loi de 1814 concernant l’observation du dimanche, tombée en désuétude depuis plus d’un quart de siècle, n’était point abrogée ? Eh bien ! votre dimanche n’est qu’un mo-