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l’homme de soin, gardien, portier, auxiliaire, manœuvre, chargé de serrer, soigner, conserver toutes choses dans la maison, dans le jardin, dans l’étable, de faire le service des champs, des troupeaux, du harem. C’est celui qui, ne pensant pas par lui-même, sert d’instrument, d’organe supplémentaire, et pour ainsi dire de second corps à un autre homme, lequel se réserve pour lui-même le commandement à titre de maître ou d’âme pensante et supérieure.

Quelques-uns, à l’exemple de saint Augustin, font venir servus de servatus, par une contraction. Ils allèguent que les prisonniers de guerre étaient réservés pour le travail. Le fait est vrai ; mais il s’ensuivrait seulement que c’est servatus qui vient de servus : servus, esclave ; servatus, fait esclave. Qui ne voit en effet que l’idée du service a existé la première, et que celle d’y appliquer le prisonnier de guerre n’est venue qu’après ? Mais ces deux mots n’ont point entre eux le rapport qu’on leur assigne, bien que leur radical soit le même. La déduction est celle que j’ai indiquée : ser-o, serrer, garder ; serv-us, l’homme de garde ; serv-ire, faire le service, ou la garde ; serv-are, conserver, etc.

Tant d’âmes, plus tant d’esclaves, dit le Pentateuque, dans les dénombrements qu’il fait du peuple après la sortie d’Égypte. Il est impossible de mieux exprimer la pensée spiritualiste qui produisit l’esclavage.

« Pourquoi, demande saint Augustin, Dieu commande-t-il à l’homme, l’âme au corps, la raison à la passion et aux autres parties inférieures de l’âme ? Cet exemple ne montre-t-il pas clairement que, comme il est utile à certains hommes d’en servir d’autres, pareillement il est utile à tous les hommes de servir Dieu. » (De la Cité de Dieu, liv. xix, chap. 21.)

Dieu, aurait pu dire saint Augustin, à l’exemple de