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tion chaotique, où le privilége et le salariat sont perpétuellement aux prises, sans espoir de conciliation, subordination et stabilité.

Les partisans de l’ancien ordre de choses n’ont pas eu de peine à montrer l’inconséquence de cette théorie. Ils ont dit :

« Si, par la fatalité, ou pour mieux dire, par la providentialité de son essence, le travail répugne à l’homme, le fatigue, le tue, et si de cette peine du travail résulte un principe invincible d’inégalité, il faut conclure que la Révolution, en abolissant le régime hiérarchique, n’a fait qu’en constater la sagesse. Il faut convenir du même coup que le christianisme a mérité la reconnaissance du genre humain et dépassé de bien loin les prévisions de la science, en répandant sur ce régime tant calomnié, et que l’expérience démontre aujourd’hui nécessaire, le baume d’une charité toute divine.

» Le comble de la raison politique n’est-il pas de se conformer aux lois de la nature et de la destinée ? Pourquoi donc repousser avec tant de haine cet ordre féodal, coupable d’avoir deviné, bien des siècles avant les économistes, ces lois de la nature, et de les avoir prises pour règle ?

» Et le signe d’une religion révélée n’est-il pas d’adoucir, par l’effusion de la grâce, ce qu’il y a d’inexorable dans la loi ? Pourquoi donc accuser le christianisme d’avoir méconnu les droits de l’humanité et de la raison, en consacrant les mœurs féodales et les modifiant par son précepte de l’aumône et toutes ses institutions charitables ?

» Qui croit maintenant à cette égalité malheureuse, prêchée par la Révolution ? Sont-ce les républicains, exaltés ou tempérants, de tous les adversaires du socialisme les plus implacables ? Sont-ce les saint-simoniens,