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psychologie et l’hygiène ont le droit de s’enquérir, qui pourrait bien aussi intéresser la Justice, partant l’économie politique et le gouvernement, mais qui ne regarde point l’entrepreneur, qui ne lui impose aucune responsabilité, qui n’affecte en rien sa religion et ne soulève en lui ni scrupule ni regret ; dans laquelle tout au plus cet exploiteur, absous par l’usage, absous par l’ignorance de la plèbe autant que par la sienne, absous par l’incurie du Pouvoir, le silence du législateur, le pédantisme des savants, le quiétisme de la religion, apercevra, s’il daigne y jeter les yeux, une triste nécessité, mais que ni lui ni personne ne saurait changer, dont par conséquent ils n’ont point à répondre.

C’est à cette situation, prétendue invincible, qu’il s’agit d’appliquer notre judiciaire.

IV

Déjà nous avons vu ce qu’est devenue à l’analyse cette autre soi-disant nécessité que l’antique sagesse avait conclue de l’inégalité de nature, et dont elle avait fait, sous le nom de prédestination ou raison d’État, une loi primant la Justice même. L’espèce de fatalisme que nous avons à examiner à cette heure ressemble à celui-là. Afin qu’on ne m’accuse pas d’en fausser l’expression, résumons-le en quelques propositions fermes :

1. « Tout travail, disent les partisans du statu quo, suppose une peine : cela est fatal. » — Pas d’objection à cet égard ; les opinions sont unanimes.

2. « Toute peine mérite salaire : cela est de droit. » — On ne l’a pas toujours accordé ; merci.

3. « Tout salaire est réglé par convention expresse ou tacite, suivant l’état et d’après la loi du marché ; en sorte que le taux du salaire, comme le salaire lui-même, a