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plusieurs ordres : il engendre aussi par le travail, par l’intelligence, surtout par la Justice.

De là ces dévouements héroïques à la science, inconnus du vulgaire ; ces martyres du travail et de l’industrie, que dédaignent le roman et le théâtre ; de là le Mourir pour la patrie, tant répété depuis Tyrtée. Laissez-moi vous saluer, vous tous qui sûtes vous lever et mourir, en 89, en 92 et en 1830 ! Vous êtes dans la communion de la liberté, plus vivants que nous qui l’avons perdue.

De là aussi tous ces repentirs in extremis, que le prêtre attribue à l’efficacité de son ministère, et qui ne sont que le réveil de la Justice, le cri de la conscience, à l’approche de la mort.

Produire une idée, un livre, un poëme, une machine ; en un mot, faire, comme disent les compagnons de métier, son chef-d’œuvre ;

Servir son pays et l’Humanité, sauver la vie à un homme, produire une bonne action, réparer une injustice, se relever du crime par la confession et les larmes :

Tout cela est engendrer ; c’est se reproduire dans la vie sociale, comme devenir père est se reproduire dans la vie organique ; je dirais presque, s’il m’était permis de parler cette langue, c’est se rendre participant de la Divinité.

La destinée de l’homme est de se dépenser tout entier pour sa progéniture, naturelle et spirituelle ; et cela non-seulement dans l’acte générateur, mais dans l’initiation par le travail, qui en est le complément. Et cette dépense qu’il fait de son être est sa gloire, c’est sa béatitude, son immortalité.

Voilà ce qu’est la mort : acte d’amour final de la créature parvenue à la plénitude de l’existence physique, intellectuelle et morale, et rendant son âme dans un paternel baiser. Moïse, dit la légende, après avoir délivré son peuple de la servitude des Égyptiens, après l’avoir