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Quant à l’induction tirée des différentes phases de l’évolution organique, notamment chez les insectes, outre qu’elle est tout à fait gratuite, elle me paraît manquer encore de logique, en ce que ces phases indiquent une ascension continue dans la vie de l’animal, tandis que la mort est une cessation générale, amenée par une décroissance régulière. Ainsi, le passage du ver à l’état de chrysalide, dans lequel on voit un analogue de la mort, n’est autre chose que la puberté de l’animal : la nature, en lui conférant avec la faculté génératrice de nouveaux organes, ou transformant les anciens, ne fait rien au fond de plus pour l’insecte que ce qu’elle fait pour l’homme lui-même, chez qui la virilité se produit aussi avec un déploiement, pour ne pas dire un supplément d’organisme. La phase de puberté a son opposition très-marquée chez la femme, dans la cessation du flux menstruel : ce qui achève de nous démontrer que, les phénomènes qui amènent la mort étant radicalement inverses de ceux qui produisent la vie, il est contre toute logique de les assimiler, et par conséquent, d’en tirer un argument en faveur de la survivance.

Cette observation sur la puberté des insectes, que je présente avec toute la réserve que me commande mon incompétence, va nous mettre sur le chemin de la vérité.

LI

Toute existence qui commence de se produire a une fin.

J’entends ici par fin, non pas la cessation du mouvement vital, mais le but vers lequel ce mouvement est dirigé, et qui, une fois atteint, implique dans le sujet la cessation de la vie, devenue inutile.

Il suit de là que, la mort embrassant à la fois dans sa définition : 1o le terme le plus élevé de l’évolution orga-