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mes dissertations une certaine place à l’anecdote. — J’ai pensé que la science des mœurs devenant tout expérimentale, l’expérimentation ne devait rien exclure, à peine de se mutiler et de faillir à la vérité. Tout acte de la vie publique et domestique, collective et individuelle, est à mes yeux du domaine de la science ; et ce n’en est pas bien souvent la partie la moins instructive.

Je n’ai pas été aussi court que je l’eusse voulu : le moment n’est pas venu pour la Révolution de faire des étrennes mignonnes et des catéchismes. À une cause menacée dans son existence ce qu’il faut, ce sont des démonstrations, des faits, de la science. Tout cela prend du temps et de l’espace. Philosophons d’abord avec l’ampleur que la vérité méconnue exige : après, la parole sera aux abréviateurs.

J’ai donné à ces Études la forme de l’épître ou plutôt de la conférence, qui est l’homélie grecque, parce qu’admettant tous les tons et tous les styles elle répond mieux qu’une autre à la variété de mon sujet, en même temps qu’elle exclut le pédantisme, la déclamation et le lieu commun.

Je les adresse, ces Études, à un archevêque : d’abord, parce que la part que cet archevêque a prise a une soi-disant biographie de ma personne a été l’occasion qui me les a fait entreprendre ; puis, parce que le respect d’un si grave personnage m’est une garantie que tout en usant de la plus grande liberté de discussion, rien d’offensant pour les personnes, d’outrageant pour les institutions, n’échappera à ma plume.

On nous traite volontiers, mes coreligionnaires et