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Le rapport, voilà, en dernière analyse, à quoi se ramène toute phénoménalité, toute réalité, toute force, toute existence. De même que l’idée d’être enveloppe celle de force et de rapport, de même celle de rapport suppose invinciblement la force et la substance, le devenir et l’être. De sorte que partout où l’esprit saisit un rapport, l’expérience ne découvrît-elle rien autre, nous devons conclure de ce rapport la présence d’une force, et par suite une réalité.

La Révolution nie le droit divin, en autres termes l’origine surnaturelle du pouvoir social. Cela veut dire, en principe, que, si un être ne possède pas en soi sa puissance d’être, il ne peut pas être ; en fait, que, le pouvoir qui se décèle dans la société ayant pour expression des rapports humains, sa nature est humaine ; conséquemment que l’être collectif n’est pas un fantôme, une abstraction, mais une existence.

En face du droit divin, la Révolution pose donc la souveraineté du peuple, l’unité et l’indivisibilité de la République. Mots vides de sens, propres seulement à servir de masque à la plus effroyable tyrannie, et tôt ou tard démentis par l’événement, s’ils ne se rapportent à l’organisme supérieur, formé par le rapport des groupes industriels, et à la puissance commutative qui en résulte.

La Révolution, renouvelant le droit civil aussi bien que le droit politique, place dans le travail, et rien que dans le travail, la justification de la propriété. Elle nie que la propriété, fondée sur le bon plaisir de l’homme, et considérée comme manifestation du moi pur, soit légitime. C’est pourquoi elle a aboli la propriété ecclésiastique, non fondée sur le travail, et qu’elle a converti, jusqu’à nouvel ordre, le bénéfice du prêtre en salaire. Or, qu’est-ce que la propriété, ainsi balancée par le travail et légitimée par le droit ? La réalisation de la puissance individuelle. Mais la puissance sociale se compose de toutes les puissances individuelles : donc elle exprime aussi un sujet. La Révolution ne pouvait d’une façon plus énergique affirmer son réalisme.

Sous le régime du droit divin, la loi est un commandement : elle n’a pas son principe dans l’homme. La Révolution, par l’or-