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la vraie acception du mot ; c’est une négation, et les conclusions du socialisme sont sans fondement.

Tel est, nonobstant les tendances réalistes de J.-B. Say, d’A. Smith et des physiocrates, le dernier mot des économistes de l’école officielle, école que suivent, malgré leurs semblants révolutionnaires, les écrivains démocrates. Laissez faire, laissez passer.

Pour moi, au contraire, l’économie est une science dans l’acception la plus rigoureuse du mot ; science ayant pour but d’étudier un ordre de phénomènes qui, bien que produits sous l’initiative de la liberté, obéissent cependant à des lois constantes, dont la certitude est égale à celle de toutes les lois qui régissent l’univers.

Or, une loi suppose nécessairement sous elle une réalité : Rien ne peut être la loi de rien. Il y a donc, dans l’objectivité humaine, individuelle et collective, un côté particulier, qui forme la réalité, le substratum économique.

Et voici comment je démontre ma proposition.

Quoi que fasse, et avec quelque indépendance que se dirige l’activité de l’homme, elle est soumise dans son exercice à un certain nombre de combinaisons, de l’emploi desquelles dépendent directement la production de la richesse et sa distribution, partant le bien-être de chacun et de tous : ces combinaisons, ces principes d’action, sont ce que j’ai nommé forces économiques.

Et quant à la loi générale qui les régit, elle consiste en ce que, par le fait de la liberté qui leur donne le branle, les forces économiques étant dans une oscillation permanente, le maximum de leur productivité, partant la perfection de l’ordre social, à chaque moment de la vie générale, coïncide avec leur point d’équilibre, qui d’autre part se trouve seul satisfaire aux exigences de la Justice.

Des forces et des lois, voilà donc ce qui fait la réalité de l’économie : il n’y a pas autre chose dans la physique, la