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punition du ciel, et la misère qui accablait le peuple comme leur conséquence :

Chrétiens, contemplons les fléaux
Dont Dieu punit nos crimes.

Ma mère nous les chantait encore ; j’ai oublié la suite.

Ma mère, sa fille de prédilection, pleura ce père deux longues années ; sa femme, qu’il avait épousée éprise d’un autre amour, mais dont il avait su se faire accueillir, perdit les yeux de chagrin. Montrez-moi un pape, un empereur, qui ait excité autant de regrets. Les prédestinés se font craindre : on réclame leur intercession, on ne les pleure guère. Ma mère m’a souvent répété que je ressemblais au père Tournési par le front, les yeux, le franc-rire, et la large poitrine. Elle ne cessait de me raconter sa vie de famille, ses discours, son air résolu. Pour moi, je le mets au niveau des hommes de Plutarque.


CHAPITRE VII.

Du Gouvernement selon la Justice.

XLII

Jusqu’ici j’ai parlé du gouvernement sans le définir, sans me demander seulement s’il est de soi quelque chose, s’il repose sur quelque réalité qui lui donne l’être, indépendamment de toute convention humaine ; ou s’il ne faut y voir qu’un fait du libre arbitre, une abstraction de l’esprit, un être de raison, comme s’exprime le vulgaire.

En procédant ainsi, j’usais de mon droit de critique, me conformant d’ailleurs aux règles de l’investigation rationnelle.

Avant de définir une chose, il faut la reconnaître. Avant de m’expliquer, au nom de la Révolution, sur la