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de bons citoyens, ou pour mieux dire de bons sujets ; car, comme nous l’avons vue précédemment nous donner tour à tour le bon homme et le bon pauvre, elle a découvert aussi le type du bon sujet, du sujet obéissant, passif, inerte dans sa conscience, dans sa raison, dans sa volonté, tel enfin qu’il le faut à l’absolutisme.

Bon homme ;

Bon pauvre ;

Bon sujet ;
ces trois mots résument la jurisprudence de l’Église, en ce qui touche les personnes, les biens, le gouvernement.

C’est son droit public, son droit de la paix et de la guerre, son droit domestique, son droit municipal, son droit administratif, son droit pénal, son droit des gens.

Pour moi, entendez ceci, Monseigneur, jusqu’à ce que le tonnerre d’un autre Sinaï, couvrant la voix de la Révolution par laquelle je jure, ait signifié aux mortels les décrets d’une Autorité que ma Raison avoue, je nie, à l’égal du Destin, votre Providence, et je déclare votre prédestination, votre discipline, non moins que la raison d’État de Machiavel, de Hobbes, de Spinoza, immorale ; je récuse à la fois et leur métaphysique et votre théologie.

Sans me préoccuper de la nature de Dieu, de la genèse des âmes et de tout l’univers transcendantal, j’affirme, avec Pélage contre l’évêque d’Hippone, avec l’instinct de cette classe de déshérités dont je suis sorti contre le fatalisme intéressé d’une caste de repus ; j’affirme, avec la Révolution tout entière, la moralité essentielle de notre nature, la liberté, la dignité, la perfectibilité de mes semblables, et leur égalité civile et politique. J’affirme, dis-je, la Justice dans l’économie et le gouvernement.

Je n’accuse de notre servitude, pas plus que de notre misère, ni la volonté des hommes, ni la conspiration des