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social, et au nom de laquelle Robespierre guillotina la république ; doctrine qui sert aujourd’hui au roi de Prusse à rayer de la constitution qu’il avait jurée la liberté, l’égalité, toutes les garanties de droit qui entouraient son gouvernement :

« Je ne consentirai jamais, dit Guillaume IV dans son discours à l’ouverture de la Diète de 1847, à ce qu’entre notre maître, qui est le Dieu du ciel, et ce pays, il se glisse une feuille de papier, en quelque sorte comme une deuxième Providence, pour nous gouverner avec ses paragraphes et remplace par eux l’antique et sainte fidélité. »

C’est contre cette doctrine que se sont produites, depuis la fin de l’empire romain, toutes les protestations de la conscience universelle et les grands actes de l’histoire : querelle des investitures, séparation du spirituel et du temporel, tentatives d’Arnaud de Bresce et de Rienzi, priviléges de l’Église gallicane, schisme d’Avignon, institution des parlements, chartes bourgeoises, concordats, et, pour tout dire, la Révolution française, dont le crime, aux yeux de l’Église, est bien moins de lui avoir retiré ses biens que d’avoir élevé le gouvernement sur la Justice, en élevant la Justice elle-même sur l’Humanité.

Mais il est temps de suivre l’Église dans sa pratique : la pratique, bien plus que la parole, est l’expression de l’idée.


CHAPITRE IV.

Pratique du gouvernement type, ou gouvernement sacerdotal.

XX

Quelques-uns ont écrit, et Bossuet semble avoir penché vers cette opinion, qu’autrefois l’Église, par ses conciles,