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« 7. Que le nombre des prédestinés est fixe et immuable ; qu’il ne peut être augmenté ni diminué, puisque Dieu l’a fixé de toute éternité, et que sa prescience ne peut être trompée ;

« 8. Que le décret de prédestination n’impose cependant aucune nécessité aux élus de pratiquer le bien : ils agissent toujours très-librement, et conservant toujours, dans le moment même qu’ils accomplissent la loi, le pouvoir de ne pas l’observer ;

« 9. Que la prédestination à la grâce est absolument gratuite ; qu’elle ne prend sa source que dans la miséricorde de Dieu ; qu’elle est antérieure à la prévision de tout mérité naturel ;

« 10. Que la prédestination à la gloire n’est pas fondée sur la prévision des mérites humains, acquis par les seules forces du libre arbitre : car enfin, si Dieu trouvait dans le mérite de nos propres œuvres le motif de notre élection à la gloire éternelle, il ne serait plus vrai de dire avec saint Pierre qu’on ne peut être sauvé que par Jésus-Christ ;

« 11. Que l’entrée du royaume des cieux, qui est le terme de la prédestination, est tellement une grâce, gratia Dei vita æterna, qu’elle est en même temps un salaire, une couronne de justice, une récompense des bonnes œuvres faites par le secours de la grâce. »


Bergier cite ensuite les autorités à l’appui de ces onze propositions ; puis il rapporte les points sur lesquels les catholiques disputent entre eux, et que je me dispenserai de mentionner, ceux sur lesquels ils s’accordent suffisant pour notre édification.

Il résulte de cette doctrine, exclusivement orthodoxe, que, le genre humain tout entier étant, par l’effet du péché originel, une masse de perdition, il n’y a de sauvés que ceux qu’il plaît à Dieu, indépendamment de tout mérite propre, à tel point que la grâce divine équivaut ici à une vraie loterie. Ce n’est plus le destin sans doute, puisque le destin est aveugle ; mais c’est quelqu’un qui pour