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énorme : la légitimité suppose l’acquiescement populaire, souvent aussi la consécration sacerdotale, tandis que l’usurpation se passe de l’une et de l’autre. Mais avec le temps cette différence s’évanouit : le dernier mot de la raison d’État étant de se tourner contre son propre représentant, en sorte que la possession du pouvoir finit par n’être plus, chez les hommes comme chez les chevaux sauvages, qu’une question de force. C’est le triomphe de la Justice que la raison d’État se réduise d’elle-même à l’absurde.


CHAPITRE III.

Du gouvernement selon la Providence. — Décret de prédestination ; règne éternel du Christ ; catholicité ; théocratie.

XV

C’est ici surtout que celui qui veut apprécier avec sincérité l’influence de la pensée religieuse doit considérer, non pas tant son expression primordiale, que ses tendances constitutives.

On l’a dit à satiété, surtout depuis 1830, le christianisme, à son origine, eut quelque chose d’ultra-démocratique, que tous les novateurs brouillés avec l’Église ont eu soin de rappeler. Une école s’est formée pour rattacher par cet endroit le christianisme à la Révolution : elle compte pour ses représentants principaux, après MM. Buchez et Ott, MM. Arnaud (du Var), Frédéric Morin, Bordas-Demoulin, Huet, Hubert Valleroux, Chevé, et quelques autres. Le système de ces messieurs est connu : on se prévaut des coutumes longtemps suivies dans l’Église pour l’élection des évêques, la tenue des conciles, etc. ; on cite les passages de l’Évangile, des épîtres et des anciens Pères, concernant le gouvernement temporel, et dans