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À toute objection du libre examen, à toute fin de non-recevoir de l’autorité séculière, l’Église peut éternellement répondre, sans qu’il soit possible à âme croyante de rejeter sa réponse :

Croyez-vous en Dieu ?

Croyez-vous à la nécessité de la religion ?

Croyez-vous, par conséquent, à l’existence d’une Église, c’est-à-dire d’une société établie sur la pensée même de Dieu, inspirée de lui, et se posant avant tout comme expression du devoir religieux ?

Si oui, vous êtes chrétien, catholique, apostolique, romain, vous confessez le Christ et toute sa doctrine ; vous recevez le sacerdoce qu’il a établi ; vous reconnaissez l’infaillibilité des conciles et du souverain pontife ; vous placez la chaire de saint Pierre au-dessus de toutes les tribunes et de tous les trônes : vous êtes, en un mot, orthodoxe.

Si non, osez le dire : car alors ce n’est pas seulement à l’Église que vous déclarez la guerre, c’est à la foi du genre humain.

Entre ces deux alternatives, il n’y a de place que pour l’ignorance ou la mauvaise foi.

Il faut l’avouer : il ne s’est pas rencontré jusqu’à ce jour de nation pour dire : Je possède en moi la Justice ; je ferai mes mœurs ; je n’ai pas besoin pour cela de l’intervention d’un Être suprême, et je saurai me passer de religion.

L’argument subsiste donc ; et comme au point de vue religieux, principe de toutes les églises, le catholicisme latin est resté, et de beaucoup, ce qu’il y a de plus rationnel et de plus complet, l’Église de Rome,