Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

secte ; elle est la plus pure, la plus complète, la plus éclatante manifestation de l’essence divine, et il n’y a qu’elle qui sache l’adorer. Or, comme ni la raison ni le cœur de l’homme n’ont su s’affranchir de la pensée de Dieu, qui est le propre de l’Église, l’Église est indestructible.

À toutes les époques de l’histoire, antérieurement à la promulgation du christianisme et depuis sa propagation, le genre humain a cru, d’un consentement unanime, que la Société avait pour base nécessaire la religion ; que la foi théologale était la condition sine quâ non de la vertu, et que toute Justice avait sa source et sa sanction dans la divinité.

Les rares exemples de protestation athéiste que l’histoire de la philosophie a recueillis n’ont fait que confirmer la commune croyance, en montrant que les athées ou niaient la Justice et la morale, ou n’en donnaient qu’une fausse théorie, ou remplaçaient la garantie religieuse par celle d’une subordination arbitraire.

Or, l’analyse des idées religieuses et la logique de leur développement démontrent : que, nonobstant la diversité des mythes et des rites, tous les cultes sont au fond identiques, qu’il n’y a par conséquent et ne peut y avoir qu’une seule religion, une seule théologie, une seule Église ; enfin que l’Église catholique est celle dont le dogmatisme, la discipline, la hiérarchie, le progrès, réalisent le mieux le principe et le type théorique de la société religieuse, celle par conséquent qui a le plus de droit au gouvernement des âmes, pour ne parler d’abord que de celui-là.