du globe, régnerait sur les idées comme sur les intérêts. Personne n’eût révoqué en doute l’autorité du sacerdoce, pas plus que la certitude de sa révélation ; car personne n’eût été induit à ce doute par le spectacle des calamités sociales, de la tyrannie ecclésiastique, et de l’inclémence du ciel. C’est le malheur de sa destinée qui pousse l’homme à accuser sa religion et son Dieu. Ne voyez-vous pas en ce moment que votre troupeau se compose exclusivement de riches, et que ceux qui vous quittent sont les pauvres ? Cela se perd, me répondit un jour un paysan que j’avais connu fort assidu dans sa jeunesse aux offices de l’Église, et à qui je témoignais ma surprise de son indévotion. Oui, cela se perd, et beaucoup plus vite, je le crains, qu’il ne faudrait pour le bonheur de notre malheureuse nation. Ô sainte Église catholique, apostolique, romaine et gallicane, Église dans laquelle j’ai été élevé, et qui as reçu mon premier serment ! C’est toi qui m’as fait perdre la foi et la confiance. Pourquoi, au lieu d’une mère, n’ai-je trouvé en toi qu’une marâtre ? Pourquoi, épouse du Christ, le rédempteur des prolétaires, as-tu fait alliance avec les ennemis du Christ, exploiteurs per fas et nefas du prolétariat ? Comment es-tu devenue adultère, si tant est que tu aies jamais été légitime ?
Inutiles regrets ! Ce qui est écrit est écrit ; l’Église ne changera pas : la véracité de l’esprit humain ne permettrait pas une semblable déviation de la foi chrétienne. À chaque âge de l’humanité sa signification, à chaque idée son drapeau. L’Église est établie en dehors de la Justice, dont elle ne possède pas la notion ; en dehors de l’économie, dont elle repousse systématiquement les lois. Non datur Ecclesia in œconomiâ. L’homme n’a point de droits, a dit un de vos derniers prophètes, M. Donoso Cortès. Je ne sache point, Monseigneur, que ni vous ni aucun de vos collègues ayez protesté contre ce blasphème. Le pape