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Balance des services publics et des entreprises particulières ;

Balance des importations et des exportations. Un partisan de la liberté absolue du commerce international, M. Émile de Laveleye, résumant dans une brochure ce qui a été publié sur la question, conclut en ces termes :

« Le libre échange, appliquant à l’univers entier le principe de la division du travail, stimulera la production de la richesse ; il n’en modifiera point la répartition. »

Je n’ai jamais, pour mon compte, en combattant la théorie des libre-échangistes, prétendu autre chose. Mais je ferai observer à M. de Laveleye, ce dont il n’a pas tenu compte, que, si le libre échange laisse entière la question de répartition, par cela même il est, pour la population travailleuse de tous les pays, un mal, puisque, l’inégalité devenant d’autant plus profonde que le travail aura été plus universellement divisé, et l’exploitation capitaliste étant rendue partout solidaire, la misère des masses sera en proportion de la richesse acquise, et leur servitude d’autant plus irrémédiable : double péril, qui fournit aux amis de l’égalité une raison suffisante de se prononcer contre le libre échange. L’Europe en est témoin : plus, sous ce régime de non-équilibre, le commerce international prend d’extension et le capitalisme se centralise, plus aussi, à côté d’une richesse croissante, la difficulté de vivre augmente, le paupérisme se multiplie, la féodalité se reforme et la liberté s’amoindrit. Faites d’abord la balance des salaires, ensuite celle des valeurs, après celle des escomptes, puis celle du crédit et de la propriété : vous pourrez alors, de peuple à peuple, proclamer la liberté des échanges. Hors de là, vous ne faites que préparer le servage des nations ; vous faites le monde slave après l’avoir fait esclave.

Balance des forces économiques, propriété, commu-