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entendu dire qu’elles fussent ni l’une ni l’autre l’expression littérale de deux lois économiques, mais seulement une comparaison servant à expliquer le rapport de deux mouvements, l’un tendantiel et possible, celui de la population ; l’autre effectif, celui de la richesse.

« En deux mots, dit M. Joseph Garnier, la population a une tendance organique et virtuelle à s’accroître plus rapidement que les moyens d’existence : d’où résulte le progrès de la misère. »

Du reste, les économistes du restreint moral, MM. Joseph Garnier, Gustave de Molinari, Rossi, Dunoyer, John Stuart Mill, Guizot, l’Académie des Sciences morales et politiques, se plaignent de l’impopularité qui, en Angleterre et en France, s’est attachée au nom de Malthus. Ils accusent le clergé de toutes les églises d’entretenir sur ce point l’ignorance, la superstition, c’est-à-dire l’incontinence génératrice, et par suite le paupérisme ; ils recommandent la recette à l’attention des hommes d’État, demandant qu’elle soit prêchée en chaire et enseignée dans les écoles, aussi bien que les dix commandements de Dieu, affirmant qu’il n’y a pas d’autre remède au paupérisme et au crime, pas d’autre préservatif contre le socialisme et la Révolution.

Si quelque chose m’a jamais étonné, c’est que des hommes instruits, des académiciens, des professeurs rompus aux règles de la logique et des mathématiques, aient pu découvrir dans les cinq propositions de Malthus une ombre de sens commun.

Est-ce donc ainsi que procèdent les savants dans la construction de ces belles théories qui ont pour objet d’expliquer les phénomènes de la nature et l’ordre de l’univers ?

En premier lieu, Malthus nous dénonce une tendance de la population à doubler, si rien ne lui fait obstacle,