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ces moyens répressifs, que la nature et l’homme emploient pour ramener l’équilibre.

4. — Mais, observe ici Malthus, ce système de répression est anormal ; il accuse l’imprévoyance de l’homme ; la raison le repousse, et la morale avec elle.

Ce que la force des choses exécute par la famine, et le désespoir de l’homme par le carnage, il dépend de notre liberté de l’opérer par la limitation préventive du nombre des naissances, ou pour mieux dire des grossesses. Ce moyen de prévention est ce que Malthus nomme moral restreint, restriction ou contrainte morale.

5. — Ici Malthus et son école ont parfaitement senti que la pudeur publique s’effaroucherait ; qu’elle trouverait le système préventif aussi déplorable que le système répressif, et non moins immoral.

Les Malthusiens soutiennent donc la moralité de l’onanisme, qu’ils recommandent sous le nom de restriction morale. Ils combattent le préjugé biblique qui a fait de cette pratique une chose honteuse et détestable, rem detestabilem, et s’attachent à détruire les scrupules, en montrant que la perte volontaire des germes est chose aussi insignifiante de sa nature que les pollutions qui arrivent dans le sommeil, en effrayant les parents sur les suites de leur indiscrétion, etc.

Ils insistent surtout sur l’inutilité des moyens proposés comme remèdes à l’excès de population, tels que émigration, augmentation de produit, diminution des charges publiques, destruction du parasitisme, réformes sociales, etc.


Telle est, dans son ensemble, la théorie dite de Malthus.

Afin qu’on ne m’accuse pas de chicaner sur les mots, je ferai observer, avec toute l’école, que Malthus, en opposant la progression géométrique 2, 4, 8, 16, 32, 64, à la progression arithmétique 1, 2, 3, 4, 5, 6, etc., la première représentant la tendance de la population, la seconde l’accroissement effectif des subsistances, n’a pas